SYNOPSIS
Frantz Fanon, un psychiatre français originaire de la Martinique vient d’être nommé chef de service à l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie. Ses méthodes contrastent avec celles des autres médecins dans un contexte de colonisation. Un biopic au cœur de la guerre d’Algérie où se livre un combat au nom de l’Humanité.
FANON, PSYCHIATRE ET MILITANT ANTICOLONIALISTE
Né en 1925 à Fort-de-France, Frantz Fanon est issu de la petite-bourgeoisie métissée du territoire martiniquais. En 1943, à 18 ans, Frantz rejoint les Forces françaises libres du général de Gaulle, en passant par la Dominique. Son expérience de l’armée est contrastée : alors qu’il s’est engagé plein de patriotisme, il fait l’expérience du racisme, passe pour un soldat indiscipliné, mais se bat avec courage dans les combats de la Libération de la France. Il revient ensuite en Martinique où il obtient son baccalauréat en 1946. Grâce à une bourse, il part faire des études de médecine à Lyon, où il se spécialise en psychiatrie, tout en suivant des cours de littérature et de philosophie.
En 1952, à 27 ans, il publie Peau noire, masques blancs, tiré de son doctorat de psychiatrie, dans lequel il questionne les notions d’identité, d’assimilation, de racisme à l’encontre des personnes noires, à travers son expérience d’Antillais né en Martinique et installé dans l’Hexagone. Ce premier essai marque l’avènement d’une réflexion sur les rapports complexes entre le colon et le colonisé. Nommé en 1953 médecin-chef de la clinique psychiatrique de Blida-Joinville en Algérie, il put observer sur ses patients les désastreuses conséquences psychologiques entraînées par la situation coloniale d’alors. Expulsé d’Algérie en 1956 à la suite de sa participation aux luttes pour l’indépendance au sein du FLN, il rejoignit le gouvernement provisoire de la république algérienne à Tunis et entreprit d’intenses activités diplomatiques et politiques. Frantz Fanon rédigea un ensemble de trois essais : L’An V de la révolution algérienne (1959), Les Damnés de la terre (1961, longuement préfacé par Jean-Paul Sartre) et Pour la révolution africaine (publié à titre posthume en 1964). Il meurt d’une leucémie à Washington le 6 décembre 1961, sans voir l’indépendance algérienne pour laquelle il a tout donné dans les dernières années de sa vie. Son corps sera rapatrié en Algérie où il sera inhumé selon ses vœux.
Par son approche très personnelle des questions d’identité, de race et de domination, nourrie à la fois par son expérience de médecin psychiatre, d’Antillais déraciné et de militant anticolonialiste, dont il a nourri des textes sans cesse relus et redécouverts depuis leur parution, Frantz Fanon est devenu dans le monde entier un héraut de la lutte armée pour les indépendances, un pionnier des études postcoloniales et un penseur critique des « identités noires » face au racisme de la société.
À quel moment avez-vous rencontré l’œuvre de Frantz Fanon ?
J’ai vécu dans une cité du Val d’Oise, et plus précisément à la dalle d’Argenteuil. Adolescent, comme pas mal de gamins, j’étais fasciné par le cinéma et les séries populaires, que ce soit Les Mystères de l’Ouest ou Bonanzaï. Mais je me suis retrouvé assez rapidement frustré lorsque j’ai réalisé l’écart entre ce qui m’était proposé comme récit et ce que je vivais. Il me manquait des outils pour comprendre le monde. Cette culture populaire dans laquelle je baignais ne me suffisait plus pour me construire. C’est une situation assez schizophrénique car cette culture générale que j’appréciais m’enfermait dans une fausse réalité, illusoire. Autour de moi, tous mes potes avaient vraiment quelque chose de fort à opposer à l’assimilation, ils avaient une identité à raconter, que ce soit mes amis maghrébins, italiens juifs, tous pouvaient s’identifier à une histoire, aussi douloureuse soit-elle.
Contrairement à mes camarades, je n’avais rien à raconter, notre identité antillaise était totalement effacée dans les années soixante-dix, même si ma mère, comme toute mère antillaise, refusait l’assimilation, elle rejetait l’effacement de notre culture. C’est là que j’ai commencé à fréquenter la bibliothèque municipale Robert Desnos d’Argenteuil. Outre les livres qui me racontaient l’histoire de France, notamment ce livre que j’adorais La grande histoire française, j’ai aussi dévoré toute la littérature militante, afro, que ce soit Chester Himes, James Baldwin, et bien sûr Frantz Fanon. Il faut savoir que la ville d’Argenteuil était connue pour être un concentré de culture subversive. Lorsque je suis tombé sur le livre Peau noire, masques blancs, ce fut une sacrée claque. Cette lecture fondamentale m’a fait comprendre que je ne pouvais pas construire ma dignité avec ce qui m’était proposé à l’époque. Je me sentais parfois trop embarqué par les histoires de mes potes, sans que je puisse moi-même être complémentaires avec eux.
J’avais 15 ans en 1980, et je dois ajouter que la découverte de Fanon a coïncidé avec celle de la musique noire. Cette musique afro était fédératrice pour tout le monde dans les quartiers populaires, la soul et le funk accueillent celles et ceux qui ne se retrouvaient pas dans la variété française, comme Michel Sardou ou Sylvie Vartan. Cette musique a été le marchepied de tous les jeunes des banlieues. Et plus le contexte social s’est durci, plus cette musique noire s’est renforcée dans le combat. Alors que le cinéma français était encore vraiment loin de ces réalités urbaines, sociales et politiques.
Comment expliquez-vous que vous soyez le premier cinéaste français à réaliser une fiction sur Frantz Fanon ?
Par une sorte de prémonition, je sentais l’histoire se répéter et je voyais mon histoire de Guadeloupéen se répéter avec les Maghrébins de France. Lorsque j’ai réalisé NÈG MARON, je voulais arrêter les caricatures et préjugés racistes à l’encontre des Antillais. J’ai toujours su que j’allais un jour faire un film sur Frantz Fanon, où et comment, je ne savais pas encore. C’est lorsque j’ai senti le vent tourner ici, que j’ai compris que le film devait se faire en Algérie, là où le colonialisme a été le plus barbare et destructeur.
J’espère avoir réussi à montrer de façon quasi pédagogique les rapports que les Français entretenaient avec leurs anciennes colonies. Et pour comprendre ce qui se joue actuellement en France, je devais aller à la source.
Quels liens avez-vous avec l’Algérie ?
Ma génération était prise en étau, soit nous étions du côté des français qui refusaient la diversité de la société, soit nous étions solidaires de toutes les communautés et plus particulièrement celle du Maghreb. Il faut dire que j’étais fasciné par l’histoire de l’Algérie, du parcours du peuple algérien et de sa trajectoire pour accéder à son indépendance. Et moi, issu d’un peuple colonisé qui n’a pas réussi à arracher son indépendance, malgré ses luttes, j’ai trouvé ma colonne vertébrale avec l’Algérie. Les anciens colonisés incarnent l’histoire de la dignité humaine. Pour ma génération qui vivait dans les banlieues, l’Algérie représentait cette dignité. La dignité du combat, de l’indépendance, de la résistance. C’était beaucoup plus facile pour moi de prendre ce chemin auprès de mes potes d’origine algérienne. C’était une véritable ressource qui m’a permis ensuite de me relier à mes origines. Ce cheminement, aussi personnel qu’il soit, était vécu et partagé aussi bien par certains leaders de ma communauté antillaise, que les Black Panthers pour ne citer que cet exemple. Dans les années soixante et soixante-dix, la grande majorité des combattants anticoloniaux ont trouvé refuge à Alger.
J’ai été plusieurs fois en Algérie, notamment à Blida, pour la préparation du film. Une fois là-bas, je me sentais chez moi. C’était très fort ce que je vivais, je sentais énormément l’histoire du pays, tout comme sa culture ouverte et généreuse. Je ne me sentais ni en décalage ni touriste, au contraire j’étais très à l’aise. Si le film n’a pas pu se faire en Algérie, ce n’était pas pour des raisons politiques, mais pour des questions de calendrier et d’assurance, il ne fallait plus retarder le tournage. Nous avons donc tourné le film en Tunisie, cela me semblait assez légitime aussi car, outre le soutien de la Tunisie pour l’indépendance de l’Algérie, le pays a aussi accueilli le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne qui avait son siège à Tunis de 1960 à 1962. Il faut aussi savoir que l’architecture en Tunisie était coloniale, comme en Algérie, et comme dans tout pays africain colonisé.
Quels matériaux avez-vous utilisé pour l’écriture du scénario ?
Le film raconte la construction de son livre Les Damnés de la terre, et le plus dur a été de rendre vivant un matériau intellectuel. C’était un travail en binôme avec mon scénariste Philippe Bernard, qui à mon sens est un des plus grands scénaristes. Cela fait une quinzaine d’années qu’on travaille ensemble. Pour tout scénario, il s’occupe de la structure et ensuite c’est un travail d’aller-retour entre nous, où sa rigueur nous permet aussi beaucoup d’audace, il réussit à ce que ma mise en scène existe dès ce stade de l’écriture. Les scénarios sont toujours si bien écrits, jusqu’à l’odeur qui règne dans la pièce.
Vous avez composé un casting éclectique avec notamment Alexandre Bouyer, une révélation.
L’écriture du scénario a nourri le choix du casting, car j’avais confiance dans le fait que j’allais trouver celui qui incarnerait Fanon. Il n’y avait aucun acteur Noir que mon producteur et moi avions identifié qui correspondait à mon univers cinématographique. La complexité du personnage exigeait de trouver un acteur sur lequel il n’y avait aucune projection. Il y a si peu d’archives sur Frantz Fanon que je devais tout construire avec mon acteur. Alexandre Bouyer a un talent plus qu’indéniable, et avec ma directrice de casting Sylvie Brocheré, nous étions très à l’aise pour proposer à des acteurs de premier de plan de venir rejoindre la distribution. Tous les acteurs étaient à l’endroit où ils étaient. Pour Alexandre Bouyer, il faut le dire très franchement, il est charismatique pour le milieu du cinéma français. Il ne correspond pas aux critères qu’on attend en France d’un acteur Noir. Et comme il n’y a pas de premier rôle écrit pour lui, il est sous-employé. Fanon est son premier grand rôle au cinéma, Alexandre Bouyer est le futur du cinéma français. Enfin un acteur Noir qui ne se mime pas ! Alexandre n’a rien à prouver, il est là juste pour l’amour du jeu. Je pense que les spectateurs vont l’aimer car c’est un acteur qui aime son travail.
« FANON, C’EST BASQUIAT, UNE FULGURANCE POÉTIQUE ET POLITIQUE, AVEC UN DESTIN TRAGIQUE. »
Jean-Claude Barny
Vous avez aussi travaillé avec des acteurs non professionnels, et dans plusieurs langues.
Oui, avec notamment ceux qui interprètent les malades algériens de l’hôpital de Blida. Il y a différents niveaux et de cultures de jeu à l’intérieur du film, j’ai privilégié l’authenticité, j’ai laissé les comédiens jouer là où ils étaient bons. Tous venaient de parcours différents. Pour les quinze hommes qui interprétaient les internés algériens, tous avaient une fragilité. Deux semaines avant le tournage, j’ai travaillé avec chacun d’entre eux, en leur expliquant l’histoire du personnage. Dès qu’ils entraient sur le tournage, ils étaient déjà dans leurs rôles, je savais que je pouvais les laisser vivre avec ce qui se passait dans le plan. Chaque fois qu’on était dans l’hôpital, je peux dire qu’on était dans la vérité, celle qui leur appartenait car chacun des hommes jouait avec sa propre blessure et vulnérabilité. Avec Mehdi Senoussi qui joue Hocine, l’acolyte de Fanon, c’était incroyable. Mehdi Senoussi est d’origine algérienne, tout comme Salem Kali (Abane Ramdane). Tout deux étaient déterminés à rendre le plus crédible possible leurs personnages, surtout dans ce contexte historique. Le tournage a duré sept semaines, pour trois heures de film qu’on a ramené à deux heures dix. Je tenais à rendre hommage au peuple algérien en filmant son enterrement avec ses chants qui montent, une langue poétique dont l’importance est parfois négligée. J’invite le spectateur à écouter ces sourates d’apaisement et de compassion. Le premier plan s’ouvre en Martinique et se termine en Algérie. Il est né quelque part et mort quelque part.
Outre les malades algériens de l’hôpital psychiatrique de Blida, Fanon recueille un jeune garçon qui, après avoir assisté à l’exécution de sa famille, cause la mort de son camarade.
C’est en relisant avec Philippe Bernard, mon scénariste, Les Damnés de la terre de Frantz Fanon que j’ai découvert cette histoire. Cet enfant nous renvoie à nous même, face à toute violence subie. Quand tu reçois constamment des discriminations en pleine figure, soit tu t’en prends à toi-même, soit à ceux qui t’entourent. La société est responsable de cette fabrication de la haine dans laquelle ce jeune garçon a été submergé. Il en va de notre responsabilité de comprendre les mécanismes de la violence, et de revenir à l’origine de chaque traumatisme que nous avons connu. C’est un acteur extraordinaire qui interprète ce rôle, Ahmed Kaak, qui a proposé une véritable réincarnation. Au mot action, il est tellement habité, il est le personnage principal. Et dès que la scène était finie, il pouvait sourire et retrouver son ingénuité, il retrouvait instantanément son innocence. C’était assez perturbant d’assister à cette métamorphose. Ses scènes étaient dures, il nous a permis de comprendre ce que nous étions capable de franchir pour abandonner notre humanité.
Si Fanon n’arrive pas à sauver cet enfant, il réussit avec le personnage incarné par Stanislas Merhar, un soldat français tortionnaire.
C’est le personnage qu’on a le moins envie de sauver, et pourtant le choix que j’ai fait est de ne pas céder à la barbarie qui peut se nicher en nous. Je dois dire que lorsque j’ai rencontré Stanislas Merhar, je ne connaissais rien de lui, je n’avais vu aucun des films importants dans lesquels il avait joué. La directrice de casting m’avait alerté, « tu verras, c’est vraiment un mec incroyable ! » J’espère toujours être un homme qu’on peut séduire. Ne pas le connaître en tant que professionnel reconnu ne m’a pas dérangé, car j’ai immédiatement été séduit par la personne que j’avais devant moi. Il est venu en me disant que le scénario lui plaisait vraiment, mais que le personnage de Roland était très complexe, rempli de nuances. En l’écoutant, je sentais qu’il avait déjà compris son personnage. Stanislas avait saisi toutes les subtilités de Roland. Ce qui m’a convaincu de travailler avec lui, c’est qu’il proposait une autre approche, une autre façon de travailler avec un acteur. Ce qu’il a fait avec le personnage de Roland est fascinant. Il a pu emmener le film et le personnage à un endroit inconnu pour moi. C’était un travail de laboratoire dans lequel nous étions tous engagés, avec beaucoup de probité. Personne n’avait envie de lâcher prise, l’enjeu était important. Déborah François est venue sur ce projet, portée par ses convictions. Elle a été touchée par le destin de Josie Fanon, à savoir une femme qui a su transgresser les valeurs rétrogrades de son époque, et s’affirmer dans ses luttes. Déborah est une actrice qui ressent tout avec intensité, elle joue avec tout ce que peut lui donner le plateau, la lumière, le cadre, le décor, les costumes. C’est un talent naturel qui lui permet de ne rien laisser au hasard. Elle tourne depuis ses quinze ans, elle joue avec une fluidité impressionnante, et lorsqu’elle dit le texte, c’est comme si elle composait une mélodie, en utilisant toutes les touches de piano.
Le film se situe entre 1953 et fin 1961, et met en scène une figure importante du Front de Libération Nationale et ami de Fanon, Abane Ramdane, assassiné par ses pairs. Le prix à payer pour la liberté est très aigu, ce qu’expérimente aussi Fanon...
Ma génération connaît le prix à payer. Il est légitime que nous puissions montrer que nous sommes dignes, quel que soit le prix à payer, et sans compromission. Choisir le personnage de Abane Ramdane, c’est rappeler ce lourd tribut, combien toute lutte pour l’indépendance et la démocratie est un combat perpétuel.
Vous abordez la question de l’aliénation sous différents angles, et notamment avec une scène de dialogue entre Fanon et son jeune collègue « c’est le regard de l’autre qui fait le juif, le noir et le fou », le fou étant ici l’Algérien.
Nous ne sommes pas véritablement sortis du colonialisme, que ce soit dans la médecine ou dans l’ensemble de la société. L’œuvre de Frantz Fanon est unique car il a réussi à pointer du doigts les contradictions de la société française. Notamment sur le racisme systémique. Ce n’est pas l’individu qu’il remet en cause, mais les structures de la société qui conditionnent chacun à devenir raciste. Moi-même, j’ai eu à me défaire d’un regard orienté, pour m’affranchir de tout conditionnement.
Issu de la cité, j’aurai pu faire un film aliénant, facile celui qu’on attendait de moi. C’est en regardant les films des autres que je me suis senti en opposition. Le danger pour moi a toujours été d’être l’aliéné dans le regard de l’autre. Avec ce film, j’ai voulu sortir de toute récupération identitaire pour m’affranchir et permettre à tout le monde de faire ce chemin. C’est véritablement Fanon qui m’a tout appris. Et c’est toujours de l’endroit où je parle qui m’importe, cette question est essentielle pour moi, celle du regard et de la légitimité de ce regard.
La bande originale est très belle, avec notamment Clameurs de Jacques Coursil.
Thibault Kientz-Agyeman avec qui j’avais déjà travaillé sur mon film LE GANG DES ANTILLAIS, est à la musique ce qu’est Géo Trouvetou à la science. Son travail était de retrouver les sons de l’époque, afin de rester fidèle, tout en me proposant une création originale. C’est un talent capable de composer avec authenticité une musique totalement différente à sa culture. J’ai aussi invité le musicien martiniquais Ludovic Louis, nous avions comme référence la musique de Miles Davis pour ASCENSEUR POUR L’ÉCHAFAUD (Louis Malle) à savoir des respirations haletantes, des sonorités organiques qui touchent à la psyché. Il avait le défi de faire exister Fanon par la trompette, qui devait refléter toutes les émotions que Fanon vivait. La rencontre entre ces deux musiciens s’est nouée dans une belle complicité musicale, ils ont composé une bande musicale vraiment originale, où le Oud se mêle au Jazz. Jacques Coursil a été ma ligne de référence pour ce film. Dans son album Clameurs, il rend hommage à Frantz Fanon, ainsi qu’à Édouard Glissant, deux auteurs martiniquais comme lui.
Le film a une structure narrative classique avec des ruptures de ton et de rythme, incluant des éléments fantastiques.
Cela fait longtemps que je cherche, j’ai essayé d’inclure des ruptures avec NÈG MARON et je pense qu’enfin ici j’ai réussi à mélanger les genres. J’aime le grand cinéma populaire pour ça, qui sait faire du genre tout en étant dans une recherche plus personnelle. C’est là où Sébastien Onomo le producteur m’a fait avancer, je voulais réfléchir à ce que ma créolité pouvait me donner en termes d’écriture cinématographique. Mon cinéma reflète ce que je suis, un mélange de tout ce qui me constitue, d’où ce choix de casting, comme le montage qui fait des ruptures temporelles tout en suivant une trame, celle de l’engagement de Fanon.
Propos recueillis par Nadia Meflah

Jean-claude barny • RÉALISateur
Jean-Claude Barny est un réalisateur français de Guadeloupe et Trinidad & Tobago, mêlant l’Europe des auteurs à l’industrie du divertissement américain.
Autodidacte, il débute à 16 ans en analysant des films d’auteur, d’action et de fiction.
En 1994, il réalise PUTAIN DE PORTE avec des acteurs comme Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz, puis il collabore au casting de LA HAINE. Il se forme ensuite auprès de Jacques Audiard et réalise des clips pour la scène urbaine française et des artistes caribéens.
En 2003, Jean-Claude Barny s’installe en Guadeloupe et réalise son premier long métrage NÈG MARON (2005), qui traite des problèmes de la jeunesse antillaise ignorante de son histoire et qui cumulera 250 000 entrées. Repéré par Elizabeth Arnac, il réalise Tropiques amers, série sur l’esclavage tournée à Cuba. En 2014, il réalise le téléfilm Rose et le Soldat évoquant la Martinique pendant la Seconde Guerre mondiale.
Son second long métrage, LE GANG DES ANTILLAIS (2016), revisite l’autobiographie de Loïc Lery, braqueur martiniquais des années 1970. Son troisième long métrage FANON (2025), revient sur l’histoire de l’écrivain et psychiatre militant pour l’indépendance de l’Algérie.
Avec son producteur Sébastien Onomo, ils préparent LA LÉGENDE DE BATTLING SIKI, l’histoire du boxeur franco-sénégalais champion du monde dans les années 20.
FILMOGRAPHIE
2025 // FANON
2016 // LE GANG DES ANTILLAIS
2005 // NÈG MARON

ALEXANDRE BOUYER • Frantz Fanon
Alexandre Bouyer est un jeune acteur franco-camerounais de 35 ans. À 18 ans, il s'installe à Bordeaux puis deux ans plus tard à Paris pour suivre une formation dans la restauration. Une rencontre décisive avec un groupe de comédiens va déterminer sa trajectoire. Il rejoint alors le Laboratoire de l'Acteur, fondé par Hélène Zidi.
Après avoir décroché des rôles dans une série policière et un long métrage réalisé par Giordano Gederlini, il est choisi en 2022 pour incarner Frantz Fanon dans le film de Jean-Claude Barny.
« La première fois que j’ai entendu parler de Frantz Fanon c’était il y a douze ans sur l’album Noir Désir du rappeur Youssoupha. La vraie rencontre s’est faite avant le film, grâce à Jean-Claude Barny. Lorsque j’ai reçu son scénario, j’ai eu comme un flash sur son nom, mais j’ai voulu d’abord lire le scénario avant d’aborder son œuvre. J’ai eu un coup de foudre pour lui. Jean Claude n’était pas choqué que je n’en sache pas plus sur Fanon, ça l’arrangeait même. J’ai décidé de lire ses livres et des ouvrages d’études sur lui, je suis tombé fou d’amour pour lui. Tout résonne en moi, son parcours de vie, sa déclaration d’amour à l’être humain et comme moi il avait une fille, et j’ai pu aussi m’identifier à lui par son engagement contre l’injustice. Mais ce qui me plaît le plus c’est sa perpétuelle remise en question. C’est quelqu’un d’intellectuellement très haut qui aurait pu avoir une forme d’égo, alors que non, il se remet toujours en question. Fanon est mon premier grand rôle, et c’est un honneur. Fanon n’a jamais été dans le jugement sinon il n’aurait jamais fait ce travail en tant que psychiatre. Son combat n’était pas communautaire, au contraire, il défendait l’humain et notamment les personnes les plus vulnérables. »

DÉBORAH FRANÇOIS •
Josie Fanon
Déborah François, actrice belge de Liège, a été révélée en 2005 dans L’ENFANT des frères Dardenne, Palme d'Or au Festival de Cannes. Sa performance lui a valu une nomination au César du meilleur espoir féminin en 2006.
En 2009 elle remporte le César du meilleur espoir féminin pour LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE de Rémi Bezançon. Elle alterne films d'auteur et comédies dramatiques, jouant auprès de comédiens de grande envergure tels que LA TOURNEUSE DE PAGES avec Catherine Frot (2006), POPULAIRE avec Romain Duris (2012) ou encore UN BEAU DIMANCHE de Nicole Garcia avec Dominique Sanda (2013). Parallèlement à sa carrière au cinéma, elle a également participé à des séries télévisées, notamment
Les Revenants (2015) et La Forêt (2017).

STANISLAS MERHAR •
Sergent Rolland
Stanislas Merhar est un acteur français primé dès ses débuts au cinéma dans NETTOYAGE A SEC d’Anne Fontaine, lui valant le César du meilleur espoir masculin. Découvert par Dominique Besnehard et Anne Fontaine en 1996, sa carrière décolle avec des collaborations prestigieuses, travaillant avec Manuel de Oliveira, Chantal Akerman et Philippe Garrel. Il s'est également illustré au théâtre, jouant dans «L'Autre» de Florian Zeller et «Le Lien» d’Amanda Sthers.
Au fil des années 2000, il enchaîne les rôles marquants, notamment dans LA CAPTIVE de Chantal Akerman et L'OMBRE DES FEMMES de Philippe Garrel. Dans les années 2010, il joue dans LA FOLIE ALMAYER de Chantal Akerman et MADAME d’Amanda Sthers.
Plus récemment, dans les années 2020, il connaît un succès avec
Bronx sur Netflix et tourne dans la série
Liaison pour Apple TV+. Parallèlement à sa carrière d'acteur, il est également l'auteur de Petits Poisons, un récit autobiographique publié en 2008.

MEHDI SENOUSSI •
Hocine
Mehdi Senoussi découvre sa passion pour le théâtre pendant ses années collège, se produisant dans des pièces de Molière telles que « Le Médecin malgré lui » et « L'Avare ». Il intègre le Cours Florent en 2003. Il y développe rapidement ses talents d'écriture, de production et de réalisation, donnant naissance à plusieurs courts métrages, dont FONCE RUPPERT, marquant les débuts de Zinedine Zidane devant la caméra.
Sur grand écran, Mehdi apparaît dans des films comme LA TENDRESSE de Marion Hänsel, QU'ALLAH BENISSE LA FRANCE d'Abd Al Malik et FATIMA de Philippe Faucon. En 2016, il réalise son deuxième long métrage, VAURIEN, avec Romane Bohringer et Nassim Si Ahmed.
Plus récemment, il joue dans MONSIEUR, LE MAIRE de Karine Blanc et Michel Tavarès, et FANON de Jean-Claude Barny.

OLIVIER GOURMET •
Darmain
Olivier Gourmet est un acteur belge reconnu pour ses collaborations avec les frères Dardenne. Révélé en 1996 par LA PROMESSE, il devient leur acteur fétiche, apparaissant dans des films tels que ROSETTA et LE FILS, qui lui vaut le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes.
Outre ses rôles marquants avec les Dardenne, Olivier Gourmet est présent dans de nombreux films d'auteur français et belges, travaillant avec des réalisateurs tels que Patrice Chéreau, Cédric Klapisch, et Dominique Cabrera. Il a également été salué pour ses performances dans SUR MES LÈVRES (2001) de Jacques Audiard, L'EXERCICE DE L'ÉTAT (2011) de Pierre Schoeller, et EDMOND (2019) d'Alexis Michalik.
LISTE ARTISTIQuE
Frantz Fanon
Alexandre BOUYER
Josie Fanon
Déborah FRANÇOIS
Sergent Rolland
Stanislas MERHAR
Hocine
Mehdi SENOUSSI
Darmain
Olivier GOURMET
Jacques Azoulay
Arthur DUPONT
Alice Cherki
Salomé PARTOUCHE
Abane Ramdane
Salem KALI
Farida
Sfaya MBARKI






















